mardi 17 mai 2016

Les émotions : L'importance d'écouter les émotions pour les comprendre et les accepter







Nous avons déjà vu qu'est-ce qu'une émotion et quelles sont les émotions de bases.
Nous avons également vu les émotions parasites.
Nous allons voir dans cet article les différentes étapes de l' "intelligence émotionnelle"

Selon Isabelle Filliozat, les différentes phases d’une émotions sont : la charge, la tension et la décharge.
Quand on exprime l’émotion, on s’en libère. Quand ni l’action, ni la décharge ne sont possibles, l’émotion est refoulée, le corps reste en tension, le corps est sous stress, ce qui va entraîner des désordres psychosomatiques.
L’influx nerveux envoyé par le système nerveux autonome pour déclencher les larmes entraîne en même temps la production d’antalgiques naturels qui réduisent la douleur. C’est ainsi que les larmes nous aident à gérer nos émotions les plus douloureuses.

De l’illettrisme à la maîtrise

Dans son livre Que se passe -t-il en moi ?: Mieux vivre ses émotions au quotidien Isabelle Fillozat énumère les différentes phases de l' « intelligence émotionnelle » :
« Qui suis-JE ? Je suis celui que je me sens être. Les émotions sont à la racine du sentiment de soi, de la conscience de soi.

Connaître ses affects, savoir les mettre en mots, en saisir les causes, faire preuve d’empathie envers soi-même comme envers autrui, être capable d’identifier comment nous interagissons les uns avec les autres… Parcourons ensemble les étapes qui mènent de l’illettrisme émotionnel à l’intelligence du cœur. Vous vous reconnaîtrez peut-être ou identifierez les tendances de l’un de vos proches. Attention, ce ne sont pas des définitions de personnalités, mais des étapes. Certains y restent bloqués un temps, parfois toute une vie. Le processus vous montre le chemin à parcourir. »

L’anesthésie

C’est quand aucune émotion ne nous parvient, ni même une sensation particulière. On voit les événements sans en être affecté, ni en positif, ni en négatif. On est dans le déni, le refoulement. Les personnes anesthésiées ont l’impression d’être « fortes », en réalité, elles sont déconnectées d’elles-mêmes, et a fortiori des autres.

La perception de sensations diffuses

On perçoit toutes sortes de sensations. Cette esthésie diffuse est une première étape dans la conscience de soi. Sortant de l’anesthésie, la personne perçoit des sensations. Cependant, elle ne les relie pas à une expérience émotionnelle. Les sensations sont vécues comme isolées, voire comme si elles ne lui appartenaient pas. Certaines personnes bloquées à cette étape se focalisent sur ces sensations diffuses. Elles sont tellement préoccupées par leurs frissons, picotements et autres grattouilles dans leur corps, qu’elles s’inhibent, se paralysent… et utilisent cette focalisation sur leurs sensations pour ne pas prendre conscience de l’émotion qui les provoque. C’est le cas des personnes qui ont tout le temps mal quelque part, quelque chose qui ne vas pas.

L’expérience émotionnelle chaotique

Ce sont des personnes qui sont envahies, débordées par leurs émotions. Elles sentent plein de choses, se sentent bizarre… Elles associent bien leurs sensations à des émotions mais ne sont pas encore capable de les identifier clairement ni d’en saisir les causes. Ce sont des personnes qu’on dit « émotives » voire « hyperémotives ». Leurs émotions restent plus inhibitrices que bénéfiques. Le passé fait irruption sans crier gare. Les émotions ressenties sont rarement réactives à l’instant présent, elles sont des élastiques, des collections de timbres, des projections, des substitutions. Voir l'article sur les émotions parasites.

L’identification

C’est à partir de cette étape que l’émotion sort de l’inconscience et peut être parlée.

La verbalisation est le processus qui va permettre d’identifier, de différencier, d’organiser les affects et de mettre de l’ordre dans le vécu intérieur. Mettre des mots sur le ressenti oblige à placer les éléments les uns à côté des autres. Je peux analyser. Je parle de ce que je ressens. Je ne suis plus englué(e) dans l’émotion, je la nomme. Les émotions se démêlent, je peux séparer ma peur et ma colère face à un même événement. Mettre des mots, c’est commencer à regarder son expérience et lui donner du sens. C’est aussi permettre à nos émotions de participer à la construction de nos relations à autrui et de ne plus les laisser nous diriger inconsciemment.

L’identification est une étape nécessaire pour distinguer d’une part les émotions réactives à exprimer et d’autre part les sentiments parasites et dysfonctionnels dont déclencheurs et causes profondes sont à élucider.

La causalité

On est capable de distinguer si notre émotion est réactive, donc adaptée et proportionnée à l’événement, ou s’il s’agit d’un déplacement ou d’une projection. Quand nos émois sont disproportionnés ou inadaptés aux situations, les causes sont alors à rechercher dans le passé, proche ou lointain. Les réactions d’autrui, nos propres attitudes nous deviennent compréhensibles. Nous retrouvons du pouvoir sur notre quotidien et sur nos relations.

Empathie

La compréhension de ses propres émotions mène tout naturellement à la compréhension des émotions d’autrui. C’est la naissance de l’empathie. Empathie pour soi, pour celui que nous avons été, puis empathie pour l’autre en face de soi.

L’empathie est une attention portée au vécu d’autrui, une écoute, une compréhension de ses émotions. C’est une écoute sans jugement, sans excuse non plus.

Quand on a peu conscience de ses propres émotions, et donc peu de compréhension d’autrui, on a naturellement une certaine tendance à l’égocentrisme. Nous nions aux autres le droit d’agir en fonction de leur vécu personnel et nous interprétons leurs comportements comme dirigés vers nous, comme par exemple : « Il ne m’écoute pas = il ne s’intéresse pas à moi ».

L’empathie nécessite de se décentrer de soi-même pour se centrer sur son interlocuteur. Se connaître, s’accepter soi-même dans ses émotions est fondamental pour permettre à autrui de s’exprimer dans sa vérité, de rire, pleurer, ou crier, sans chercher à le calmer à tout prix. Après le voyage à l’intérieur de soi, la subtilité des émotions d’autrui devient plus lisible, et le respect de ses sentiments devient naturel.

Quand quelqu’un se montre désagréable, il le fait fréquemment en toute inconscience, par peur, par défense. Le plus souvent, votre interlocuteur n’imagine pas la souffrance qu’il vous inflige.

Conscience de soi et empathie nous ouvrent à une compréhension plus profonde des nœuds dans nos relations.

L’interactivité

Quand nous prenons conscience de la réalité affective d’autrui, nous mesurons l’impact de nos gestes, paroles et attitudes envers lui.

Plus nous grandissons dans la maîtrise de nos propres émotions, plus nous sommes capables d’identifier et de comprendre ce que ressent autrui. Notre empathie se développe et nous ouvre la porte de l’intimité. Nous devenons conscients de l’interactivité entre nos états d’âme et ceux des autres. Nous accédons à l’interdépendance, condition d’une véritable autonomie.

Nos comportements, nos attitudes, provoquent des réactions chez les autres. En assumer la responsabilité nous garantira des relations harmonieuses.

Et vous, où en êtes-vous dans ce long chemin de la découverte de vous-même et de vos émotions ? Pour ma part, je suis restée longtemps bloquée à l'étape de "l'expérience émotionnelle chaotique". Je fais partie de ces personnes à qui on n'a pas appris à accepter et à gérer les émotions étant petite mais à les refouler. Je ne jette pas la pierre à mes parents, ils m'ont élevé comme ils l'ont été eux-mêmes par leurs parents en pensant que c'était le mieux pour eux et pour moi. Ca fait plus d'un an que je pratique l'éducation bienveillante envers mes enfants mais envers moi aussi (l'un ne va pas sans l'autre). J'ai fait beaucoup de découvertes sur les émotions et sur moi et aujourd'hui, je pense que j'en suis entre l' "identification" et la "causalité".

Dans les prochains articles, nous verrons pourquoi les enfants qui ont été frappés frappent à leur tour leurs enfants une fois parents.

Pour aller plus loin, voici quelques livres d'Isabelle Filliozat qui parlent des émotions :
Que se passe -t-il en moi ?: Mieux vivre ses émotions au quotidien
L'intelligence du coeur: Confiance en soi, créativité, relations, autonomie
Cahier de travaux pratiques pour apprendre à gérer ses émotions
Il n'y a pas de parent parfait: L'histoire de nos enfants commence par la nôtre
Au coeur des émotions de l'enfant

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