lundi 22 février 2016

Les colères des enfants


Dans son livre AU COEUR DES EMOTIONS DE L'ENFANT, Isabelle Filliozat parle entre autre de la colère. Elle permet de poser un autre regard sur cette émotion NORMALE, SAINE et STRUCTURANTE.

Elle distingue également la colère de la violence : « la violence est destructive, la colère en revanche est constructive. (…). La colère est affirmation de soi en face de l’autre, précision des limites à ne pas dépasser, refus de ce qui fait souffrir. Du fait que nous ne savons pas gérer la colère, nous entrons dans la violence. La violence est très différente de la colère, en fait elle en est l’opposé. Ma colère ne parle que de moi, de mes besoins.

La violence parle de l’autre, elle accuse, cherche à blesser, à détruire. Je ressens un besoin, je l’exprime et je n’obtiens pas satisfaction. Je ressens alors un vide à l’intérieur, il me manque quelque chose. Je suis mal. La violence est le résultat d’une tentative de projection contre l’intensité des affects par la projection sur autrui, l’attribution du malaise à l’autre par l’accusation. (…). La violence est en fait le résultat du refoulement de la colère. (…).

La violence est une ultime tentative pour faire entendre un message, mais le message est alors si déguisé que rares sont ceux qui le comprennent. (…).
La réaction de projection est un mécanisme de défense primaire universel. « T’es méchant(e) » signe la difficulté de l’enfant à tolérer le malaise de la frustration. Petit à petit, recevant l’attention adéquate, le respect de ses désirs et de ses besoins (et non pas leur satisfaction systématique), l’enfant n’aura plus besoin de projeter sur autrui. Il saura, parce qu’il l’aura expérimenté, qu’il peut être en colère et en sortir, qu’il n’est pas détruit par sa colère, qu’il n’a pas détruit le lien avec ses parents. (…).
La colère, outils de la gestion de la frustration, est non pas à gommer, mais à vivre, à sentir en soi, à traverser.
Il y a donc les colères saines, non violentes, structurantes, et les colères déplacées, excessives, violentes, destructrices. Les premières sont à écouter, les secondes sont à décoder. Toutes sont à respecter, car toutes signalent un besoin. »

Pourquoi il est si difficile pour nous parents d’écouter ces colères ? Parce que quand nous étions enfants et qu’on était en colère, nous n’avons pas été écoutés par nos propres parents, nous n’avions pas le droit d’exprimer cette émotion (et peut être d’autres encore). Une fois de plus, Isabelle Filliozat en parle dans ce livre : « Du fait qu’eux-mêmes n’ont pas eu le droit d’exprimer leurs colères, leurs rages anciennes sont restées ancrées en eux, prêtes à ressortir, ce qui le terrifie. D’autant que, sous la colère, il y a la souffrance de l’enfant qu’ils ont été, la souffrance de ne pas être compris, de ne pas être entendu, de ne pas être aimé. Réprimer la colère de l’enfant sert à maintenir le couvercle sur leurs propres émotions d’enfant, sur le leur enfant intérieur ».

On en revient encore au fait que pour pratiquer l’éducation bienveillante avec nos enfants, il faut commencer par être bienveillant avec soi même. Pour arriver à écouter toutes les émotions de nos enfants, mêmes les plus dérangeantes comme la colère, il faut réapprendre à nous écouter nous et nos émotions, actuelles comme passées, qui sont ou ont été réprimées.

J'ai déjà parlé comment garder notre calme, notamment quand les enfants sont énervés :
et comment aider nos enfants à gérer leurs colères.
Pour ce qui est de décoder les besoins non satisfaits derrière une colère de notre enfant, voici une liste de ces besoins
Si vous n'arrivez pas à trouver le besoin non satisfait qui se cache derrière la colère de votre enfant, vous pouvez aussi utiliser l'écoute active.

Pour aller plus loin sur les émotions des enfants, voici quelques livres :
AU COEUR DES EMOTIONS DE L'ENFANT d'Isabelle Filliozat
Pour une enfance heureuse : repenser l'éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau et Vivre heureux avec son enfant de Catherine Gueguen

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